When she was just a girl, she expected the world... ♪

Comme tu es belle ! Regarde-toi petit ange...

Elle se regardait dans la vitrine avec un regard appuyé. La malchance – mais surtout la naïveté – avait voulu qu'elle se fiance au premier venu. Bon, d'accord, ça n'avait pas été très malin, cependant, à présent, elle rêvait d'une idylle amoureuse, elle rêvait de s'évader, même pour aller... N'importe où ! Rêveuse comme elle l'était Aldys s'imaginait que son prince charmant pouvait venir de n'importe où. Certes, ça n'avait rien de sérieux... Cependant, Ian lui, malgré tout l'amour qu'il disait lui porter, il allait bien voir ailleurs quasiment quotidiennement, hein. Alors c'était injuste... Elle n'avait pas le droit d'être heureuse quelque part ? Quelque part ailleurs que dans une famille où on voyait en elle un objet de décoration. Certes, elle arrivait encore bien à faire la potiche, pour les repas de famille, ce genre de choses, mais Dieu qu'elle détestait cela... !

Ainsi, elle était allée se balader. Et voilà qu'elle se retrouvait devant la vitrine du magasin de vêtement, songeant à tout ce qui pourrait lui arriver si seulement... Si seulement... Si seulement... Oui, ça ne restait que des prières dans le vent, des rêves de petite fille. Qu'est-ce qu'elle pouvait attendre du Destin ? Elle ne savait pas... Peut-être rien, peut-être tout. Et à vrai dire, elle ne se posait pas vraiment de question actuellement. Elle était plutôt du style à attendre les gens qu'à aller les chercher. Et c'était sans doute pour cela qu'elle était profondément seule. Car, ses « amis » était ceux de Ian, ceux qui la voyait comme une plante verte, vous savez ! Alors elle devait bien avouer que se confier ou délirer avec quelqu'un au milieu d'un monde de coincés fan des affaires n'était pas des plus... Aisé, on va dire.

Mais ce que détestait Ian avant tout, c'était la façon qu'avait Aldys d'attirer – consciemment ou non – l'attention, et elle était décidée à le faire. Alors, elle tira sa boite à lunettes (de soleil) de son sac à main et se mit à chanter devant la vitrine. Elle chantait plus ou moins bien, en plein milieu de la rue, alors que son visage était placardé de partout. Oui, à Spring Beach, lorsqu'il se passait quelque chose de croustillant dans une des deux familles, tout le monde se devait de le savoir. Alors, à l'annonce des fiançailles du fils Bocosto... Vous pouvez aisément imaginer que... Surtout que la moitié des jeunes femmes rêvaient d'épouser Ian. Il était riche, charismatique, charmant, galant... M'enfin, ça, c'était en apparence, hein. Parce que oui, il était riche, mais l'entreprise piquait légèrement du nez en ce moment, oui il était charismatique charmant et galant, mais il n'osait même pas toucher Aldys quand ils se retrouvaient seuls. Elle ne se souvenait même pas d'à quand remontait leur dernier baiser, c'était pour dire...

Alors, est-ce qu'elle méritait mieux ? Vous savez, elle n'avait pas eu comme projet de se marier au premier rendez-vous... Bon, ça, c'est une autre histoire. Mais maintenant que c'était fait, elle cherchait juste une solution pour se sortir de ce cercle vicieux. Elle ne savait même pas si elle ressentait quelque chose pour lui, elle n'avait pas réellement eut le temps de se poser la question qu'il lui avait mit la bague au doigt... Prisonnière dans une grande cage dorée, elle faisait tout pour qu'il se lasse d'elle, quitte à attirer l'attention constamment. Mais d'un côté, elle n'aimait pas faire du mal aux gens, alors... Donc elle utilisait des moyens pacifistes, elle chantait, se baignait dans la fontaine... Ce genre de choses !

« Ouuuuuuuuuuuaaanh ! Oh oooooh---- ! »

Les paroles restaient très approximatives... Mais c'était la voix et la motivation qui comptait, non ? Elle vivait un peu comme dans une comédie musicale, comme si elle s'attendait à ce que, du jour au lendemain, alors qu'elle passait dans la rue, les gens se mettent à chanter et qu'elle se joigne à eux, qu'ils dansent tous et... Vous avez saisit ? Le problème était qu'elle ne vivait pas totalement dans un monde de songe et d'idéal, puisque ce genre de choses pouvaient arriver à Spring Beach. On vous a jamais dit que c'était un coin un peu bizarre ?

Manie marche. Oui, je sais, ce n'est pas nouveau. Manie marche TOUT LE TEMPS. Les habitants de Spring Beach ont l'impression de toujours la voir partout. C'est à se demander si, parfois, elle rentre chez elle. Certains doutes même qu'elle dorme, c'est dire.
Mais oui, elle dort, elle mange et même - aussi incroyable que cela puisse paraître - elle travaille chez elle. C'est juste qu'à chaque fois qu'elle est en ville, elle se fait tellement remarquer qu'on ne pas ne pas la voir. Alors la voilà qui marche, tranquillement pour une fois, en plein milieu du trottoir et qui s'arrête toute les deux minutes environ pour parler à tout le monde. "Comment va votre bébé, madame Jones ?" ou bien "Ouah, cette robe te va SUPER BIEN, Marilyn !" ou encore "Hé, Marco, je t'ai déjà raconté la fois où je me suis faite enlever par des extraterrestres ?"
Elle parle, elle parle, elle parle, et on croirait qu'elle ne va jamais s'arrêter. Parce que Manie, c'est un peu comme le soleil en plein mois d'août. On est content quand il arrive, on en profite à fond, on s'éclate. Et puis...Et puis il commence à faire quarante degrés à l'ombre et on en a carrément marre.
Sauf que Manie est plus maline que le soleil et elle s'en va généralement - je dis bien généralement - avant qu'on en est marre d'elle. C'est un peu comme un genre de super pouvoir, quoi.

Mais bon, faut pas croire qu'elle ne fait rien de ses journées non plus ! Elle est en ville pour une raison. Elle avait ce truc super important à faire. Euh...C'était quoi ce truc en fait ?
Manie s'arrête soudainement. La tête un peu sur le côté, les yeux plissés dans un intense effort pour se souvenir de ce truc, elle reste là pendant plusieurs secondes. C'était quoi ce truc ? Un rendez-vous ? Quelque chose à acheter ? Elle l'a sur le bout de la langue...Pourtant, rien à faire, ça veut pas revenir !
Oh ! Mais ce ne serait pas Aldys McCanaan en train de chanter à deux pas d'elle ?!

Génial ! Manie oublie totalement cette chose qu'elle était venue faire et se tourne vers la jeune fille en train de chanter, assez bien en plus. Elle lui tapote gentiment l'épaule, un grand sourire au lèvres.
Faut dire qu'elle a entendu parler, comme tout le monde, de ces fiancailles bizarres. Et comme tout le monde, elle aimerait bien en savoir un peu plus. Elle est toujours prête à écouter ces choses-là...

"Alors...Il y a une rumeur qui dirait que toi et Ian..."

Un petit sourire complice, complètement innoncent. Un petit clin d'oeil, histoire de lui faire comprendre qu'elle peut totalement lui faire confiance. Manie sent que ça va être intéressant...très intéressant !

When she was just a girl, she expected the world... ♪ Tumblr_lvngkip18e1r7wutoo2_500

Non. Non. Non ! Je vous dis que non. Non, il ne l'avait pas fait exprès. Mais on ne prévoit pas le futur, on ne lit pas l'avenir, on ne sait pas ce qu'il va arriver et quand ça va arriver. Son père ne lui avait pas refilé ce don de sa génétique. Dommage ? Regrettable. Regrettable car les chiens tiraient sur leurs laisses. Tous, chacun dans une direction, de préférence opposée bien sûr. Bien évidemment. Vous vous attendiez à quoi ? A ce qu'ils se mettent tous à courir droit devant ? Ben ouais, c'est ce qu'il arriva quand une grosse voiture passa à côté d'eux. Mais si nous reprenions du début, je sens que vous êtes perdus ! Moi-même, je suis com-plè-te-ment paumée ! Haha !

Cédric était donc sortit tôt ce matin. Laisses bien en mains, il sortait ses adorables toutous, qui avaient vraiment besoin de prendre l'air. Il y avait Preston, Lola, Vanille mais également Casper, Andy et Wolfy bien sûr. Que de monde, n'est-ce pas ? Que de monde à maitrise ouais. Surtout quand on va en ville. Vous savez, vous recevez ces regards en coin et l'on vous prend pour un zoophile maniaque des chiens. « Mais qu'est ce qu'il fait cet idiot ? ». C'était ces regards-là dont Cédric se moquait bien. Il n'était plus à ça près. Ainsi donc, il marchait tranquillement, en sifflotant même, quand une espèce d'énorme limousine était passé à quelques millimètres du trottoir. Il n'en avait pas fallut plus pour effrayer les être canins qui, non contents de se mettre à hurler à la mort, c'était mis à courir. Alors, oui, au début, Cédric avait tenu bon, entrainé par l'élan des bêtes, il s'était lancé dans un duel de force. Mais cela n'avait pas duré et toutes les bébêtes s'étaient lancées dans une direction, sur deux demoiselles qui discutaient tranquillement.

« Attention ! »

Et voilà où nous en étions au début. Cédric tomba donc à la renverse sur l'une... Non, en fait, les deux demoiselles. Eh oui, entrainé par les laisses et le mouvement en avant, il n'avait pas pût ralentir à temps et avait été forcé de tout lâcher et de s'écraser sur ces deux créatures. Il se releva en un bond et regarda autour de lui, totalement paniqué. Les chiens, en liberté, se mettaient à courir dans tous les sens, attirant une foule de gens incroyable autour d'eux. Le jeune homme se passa une main sur le visage, désespéré. Quel boulet. Quel idiot. Quel maladroit ! Non, en fait, c'était juste un accident ! Il releva la tête et hurla -comme si l'attention n'était pas déjà suffisamment tourné vers lui, ou plutôt vers les demoiselles encore au sol-.

« STOP. »

Tous les chiens se stoppèrent en même temps et revinrent, tête basse, vers leur propriétaire. Ce dernier fronça les sourcils, leur jeta un regard qui se voulait noir -mais qui était plus attendri qu'autre chose- et se tourna vers les jeunes femmes qui étaient à terre. Dans un sourire gêné, mais mignon au point de lui faire une tête de nounours, il lui tendit les mains -chacune la sienne-, pour les aider à se relever, tout en jetant quelques regards, en va-et-vient, entre les chiens et les « êtres humains ».

« Je suis désolé... Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger ! C'était un accident hein, vraiment. C'est les chiens, ils sont bien dressés, mais un peu peureux parfois... Enfin, on s'en fiche hein ? Hum... Désolé. »

Inutile d'avouer qu'en fait, il avait adoré cet élan, cette pulsion qui l'avait projeté sur les demoiselles. Une petite montée d'adrénaline était toujours la bienvenue et cette promenade extrêmement le rendait ravi. Puis, quitte à passer pour un abruti, autant le faire... Jusqu'au bout ?

Et paf, tu tombes.

Et la rumeur court, elle court, elle court... Et paf ! Elle s'écrase contre vous. Hé, on dit que le destin agit souvent par coups, comme ça, alors est-ce qu'il était possible que... Non, à ce genre de choses, Aldys ne croyait pas. Ou du moins, elle ne croyait plus. Pourquoi voir le Destin partout où justement le Hasard vous a fait du mal ? Ah. Et là, c'était aux fesses qu'elle avait mal, alors qu'elle voyait des chiens tourner autour de sa tête, des halètements, elle n'avait même pas eu le temps de répondre à Manie. Manie, d'ailleurs, tout le monde la connaissait, forcément, tout comme elle connaissait tout le monde. C'était un peu le genre de personne qu'on ne se rappelle pas avoir connu, mais qui s'introduit constamment dans votre existence. D'un côté, ce n'était pas si mal, mais bon, ça occupait la petite brune. Et puis, la rumeur, elle la connaissait, elle s'amusait à la faire s'engouffrer dans chaque brin de vent de Spring Beach, juste dans l'espoir secret de faire rager Ian. C'était méchant ? Juste un peu sadique, mais ça devenait adorable quand on voyait le grand sourire d'Aldys.

Et puis il y avait le garçon. Peut-être pourrait-on dire LE garçon, mais pour cela il aurait fallu qu'il y est cette étincelle dont parlait tant Aldys, et qu'elle croyait avoir ressentit en voyant Ian pour la toute première fois, quand il était venu l'aborder maladroitement. Bizarrement, lui, elle ne le connaissait pas, et pourtant, du monde, elle commençait à en connaître. Car, si les gens qui squattaient presque constamment au manoir Bocosto n'aimaient pas la jeune femme et s'en cachaient seulement moyennement, d'un côté, elle ne les aimait pas non plus, ils avaient tendances à parler, parler, parler, de tout le monde, toujours. On se serait cru à la cour des rois ma parole ! Et donc, tout ça pour dire que malgré tous les gens dont la jeune femme connaissait le visage, ce garçon n'en faisait pas partie. Peut-être que c'était pour ça qu'elle s'était mise à rougir stupidement. Peut-être bien... Peut-être aussi que c'était parce qu'il y avait son visage à côté de celui de Ian, en affiche, placardé partout sur les murs. Elle se retint de partir en courant et accepta la main tendue pour se relever, difficilement. Une fois debout, elle eut une sorte de petit vertige qui la fit osciller quelques secondes avant qu'elle secoue la tête doucement.

« Ce n'est pas grave, rien de cassé ! Ils sont adorables ces chiens... ! »

Elle réalisa qu'elle venait d'ignorer totalement la fouine de la ville, et tourna la tête vers Manie avec un léger sourire paisible. Le genre de sourire qu'elle avait toujours au visage. Maintenant, il suffisait de détourner la conversation, quitte à passer pour une niaise complète, mais elle n'aimait pas trop ce sujet. Autant elle adorait faire courir la rumeur, autant, une fois qu'elle était arrivée, elle avait du mal à répondre aux questions. Elle n'aimait pas parler de sa vie personnelle. Enfin si, mais pas de Ian, c'était beaucoup trop blessant, déprimant même.

« Moi qui voulait monter une comédie musicale dans la rue, c'est compromis visiblement. En plus j'étais la seule à chanter... Manie, Manie ! Tu faisais quoi pour débarquer en ville, tu n'es pas en train d'écrire en ce moment ? »

Si ce n'était pas elle la fouine dans l'histoire, elle en savait malgré tout beaucoup. Cependant, c'était un peu toujours comme ça à Spring Beach, impossible d'avoir un secret. Enfin si... Mais quand il s'agissait d'un secret précieux, il valait mieux faire bien attention aux gens à qui l'on pouvait en parler. Parce qu'en effet, malgré tous les secrets qui régnaient sur la ville, entre les deux familles principalement, il y avait constamment quelqu'un pour les ébruter. Quelqu'un qui finissait par avoir de sérieux problèmes. Et sachant tout ce qu'Aldys savait, il ne valait mieux pas qu'elle dévoile grand chose, ça aurait pu être radicalement dangereux, et pour elle, et pour les autres...

Manie est super excitée à l'idée d'entendre la réponse d'Aldys. En fait, elle est pas sûre d'en obtenir une...Mais elle reste optimiste, comme toujours. Et puis, il ne lui faudrait qu'une toute petite distraction pour qu'elle oublie complètement qu'elle a posé une question. D'ailleurs, la distraction apparaît plus vite que prévu.
Et elle apparaît sous la forme d'un jeune homme, au charme certain mais que Manie ne remarque pas, évidemment, et de ses trois, non quatre, voir plus, chiens. Des petits et des grands, qui arrivent tous sur Manie ! Elle pousse un cri, un cri de peur parce que quand même, c'est assez flippant comme vision, tous ces chiens fous et cet homme qui se jettent sur vous, et elle tombe. Elle tombe bien en plus. Pas le temps d'amortir sa chute ou d'essayer de se rattraper avec les mains.
Aouch.

Il lui faut une bonne minute pour reprendre ses esprits. Quand elle arrive enfin à lever les yeux, elle voit une main tendue vers elle et, sans hésitation elle s'en saisit et tire de toutes ses forces, au risque de faire tomber le garçon qui tente de l'aider. Ben oui, elle est comme ça Manie, pas très délicate. Mais ça, on le savait déjà. Heureusement, il est fort et ne tombe pas. Et c'est quand elle parvient enfin à se lever et que ses yeux tombent sur le jeune homme en question qu'elle le reconnaît. Il faut dire qu'elle connaît tout le monde. Et puis, tous ces chiens, ça aurait dû lui mettre la puce à l'oreille bien avant ! Le truc, c'est qu'elle a constamment trois mille choses dans la tête en même temps, alors parfois, il y a des bugs.
Maintenant en tous cas, elle reconnaît Cédric Owen et lui lance un petit salut enjoué. Comme si rien ne s'était passé, comme si les chiens dont il avait la garde ne venait pas de la faire tomber par terre. D'ailleurs, c'est fort possible qu'elle aurait déjà oublié, s'il n'y avait pas eu la douleur dans son dos pour lui rappeler la chute douloureuse...
Manie n'épilogue pas sur la question, pourtant. Elle a, comme d'habitude, d'autres choses en tête. Déjà, une petite voix dans sa tête qui lui dit que Cédric qui rencontre Aldys, ça pourrait devenir intéressant. Et ensuite, il y a justement cette dernière qui lui parle avec un grand sourire et des yeux qui pétillent. Et aussi une lueur de tristesse. Une information que Manie s'empresse de ranger dans un coin de son cerveau...Ca pourra toujours servir.

"Écrire ?"

Elle dit ça comme si c'était l'idée la plus stupide du monde. Genre : Mais pourquoi est-ce que j'écrirais moi ? En fait, elle est juste comme ça, tout le monde. L'air surprise par tout ce qu'on lui dit.

"Oh ! Mais il faut bien que je sorte de temps en temps ! Je viens de passer une semaine cloitrer chez moi. Ca fait du bien de l'air frais. Et puis en plus, si je sortais pas, comment je serais au courant de ce qu'il se passe en ville !"

Puis, Manie se tourne vers Cédric. Elle n'est pas sûr de lui avoir déjà parler en réalité mais elle fait comme si. Avec tout ce qu'elle connaît sur lui, c'est comme s'ils étaient des amis d'enfance. sauf que, bien sûr cette relation ne marche que dans un sens. Cédric ne la connaît pas du tout, aux dernières nouvelles.

"Hey Cédric, tu connais Aldys ?"

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